A l’heure où l’harmonisation européenne est appelée de leurs vœux par nos gouvernants, allons-nous (enfin) vers la fin d’une forme d’exception française (et italienne)*, avec la suppression de l’obligation de présentation d’un certificat médical par les participants (non licenciés) à nos événements ?
Dès sa création, le CESO s’est saisi de cet enjeu, militant pour cette suppression, alors qu’il n’a jamais été démontré que ce dispositif permettrait de diminuer le risque d’accidents de santé.
En lieu et place de cette obligation, le CESO appelle de ses vœux une plus grande responsabilisation des pratiquants non licenciés, au certificat médical venant se substituer, comme dans de nombreux pays dans le monde, une déclaration sur l’honneur personnelle, attestant que le participant est en bonne santé, et dédouanant l’organisateur de toute responsabilité en cas d’incident de santé durant l’épreuve.
Cette perspective nous semble depuis longtemps pertinente, tant pour les participants non licenciés, aujourd’hui contraints de se soumettre à une visite médicale annuelle, que pour les organisateurs.
L’obligation de présentation d’un certificat médical a, en effet, toujours engendré une charge administrative lourde pour les organisateurs d’événements sportifs outdoor, et l’idée de la suppression de cette obligation est pour eux un sujet de préoccupation majeur.
Une évolution qui serait pertinente, à bien des égards.
Au-delà du seul intérêt des organisateurs et des participants, qui économiseraient du temps et de l’argent, la disparition de cette contrainte du certificat médical s’avèrerait pertinente à plusieurs titres.
D’abord pour la société, au sens large. A l’heure où l’on manque cruellement de médecins, cette démarche surcharge encore un peu plus les cabinets pour des examens médicaux souvent peu approfondis, pour ne pas dire de complaisance. Des examens qui prendraient entre 1 heure 30 et 2 heures par semaine à chaque médecin libéral (source : Ministère de la Santé et de la Prévention, 8 février 2023).
Pertinente aussi pour les comptes de la Sécurité Sociale, puisque que cette consultation donne souvent lieu à une prise en charge, dont on peut s’interroger sur le réel bien fondé.
Mais c’est bien sûr aux organisateurs que nous pensons avant tout, sachant le travail colossal que représente la validation de milliers de documents, parfois falsifiés ou n’utilisant pas les termes précis de « non contre-indication à la pratique de la course à pied (ou cyclisme) en compétition ».
Une charge de travail assortie d’une pression additionnelle, qui, si elle leur était évitée, permettrait aux organisateurs – dont il convient de rappeler qu’ils sont le plus souvent bénévoles – de mieux se consacrer à d’autres enjeux, tels que l’éco-responsabilité de leurs événements.
Enfin, on peut craindre que la contrainte du certificat médical représente une barrière à l’engagement, surtout des pratiquants débutants, et notamment aux engagements des derniers jours, tendance fréquemment observée depuis la crise sanitaire.
Des raisons d’y croire.
On sent bien, aujourd’hui, que la tendance, chez nos gouvernants, va dans notre sens.
Déjà, il y a un an, la loi du 2 mars 2022, « visant à démocratiser le sport en France », a, dans la modification de son article 23, en quelque sorte ouvert la porte, permettant aux Fédérations sportives de fixer elles-mêmes librement « les conditions dans lesquelles un certificat médical peut être exigé » en vue de l’inscription à une compétition sportive (article L231-2-1, III).
Plus récemment, le 8 février dernier, le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, a encore fait avancer notre cause, déclarant dans un communiqué de presse vouloir « redonner du temps médical », et s’engageant à « mettre en œuvre 15 mesures réduisant le temps administratif des médecins ». La première mesure avancée vise les certificats médicaux : « Il est urgent que le certificat médical devienne une exception dans les différents domaines concernés ». Le Ministre a enfin demandé que ces mesures « se concrétisent au plus vite ».
Et maintenant, nos Fédérations de tutelle ?
Après que la loi du 2 mars 2022 a mis la balle dans le camp des Fédérations sportives, cette annonce récente du Ministère de la Santé pourrait avoir eu un effet accélérateur.
Déjà, la FFCO n’exige plus de certificat médical pour les raids d’orientation. Le CESO, qui s’est fortement mobilisé sur ce sujet depuis des mois, échange et travaille régulièrement, en la personne d’un de ses fondateurs, le Docteur Patrick Basset, avec les médecins de nos trois principales fédérations de tutelle (FFA, FFC, FFTri).
Il est accompagné dans sa démarche par le Docteur François Carré, cardiologue et expert auprès des Fédérations, lui-même très favorable à l’abandon de cette obligation.
Ils prônent d’abord l’éducation par la prévention et les « 10 règles d’or des cardiologues du sport ».
Allez, on y croit !
Cette évolution serait une petite révolution pour les organisateurs, qui verraient leurs tâches administratives grandement allégées et simplifiées par la suppression de ce contrôle hautement chronophage.
L’impact serait très favorable aussi du côté des pratiquants, avec la suppression de ce qui est souvent une barrière à l’inscription, et sans doute une incitation supplémentaire à prendre un dossard.
Cela étant, nous sommes tous des organisateurs responsables : ainsi, si ce changement tant attendu arrive finalement, cela ne devra pas empêcher chaque pratiquant de prendre sa santé au sérieux et de suivre régulièrement l’évolution de sa capacité aux sports d’endurance, comme aux autres sports.
Mais on ne le répètera jamais assez : la pratique du sport est toujours bénéfique pour la santé mentale et physique.
Ainsi, en accrochant régulièrement un dossard, et en s’entraînant dans cette perspective, chaque participant prend les meilleures garanties pour rester en bonne santé – et cela, nul besoin d’un certificat médical pour l’attester.
*L’obligation du certificat médical pour faire du sport a été abandonnée, ou n’a jamais eu cours, dans nos principaux pays voisins (Allemagne, Espagne, Suisse, Belgique, Grande-Bretagne…) ou encore aux USA, au Japon…